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PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Contact presse
Mathilde Voinchet
Pays où le soleil se couche, le Maroc -- ou Maghreb en arabe -- tire sa beauté de
lumières sublimes ; celles-là même qui charment le peintre chilien,
Claudio Bravo, quand
il découvre Tanger en 1972. L’exposition monographique que lui consacre l’Institut du
monde arabe, rassemble une soixantaine de toiles orientalistes, emblématiques de son
travail : hyperréalisme, palette coloriste, emprunts à la Renaissance italienne et au
baroque espagnol. L’œuvre de Claudio Bravo doit sa singularité au parcours
cosmopolite de son auteur qui, du Chili au Maroc en passant par New York, Madrid et
Hong Kong, cultive une haute idée de l’altérité et pose un certain regard sur la réalité.
Il émigre en Espagne à 35 ans, pays dans lequel il étudie les toiles des grands maîtres
du musée du Prado et acquiert une reconnaissance internationale en tant que portraitiste.
Mais c’est au Maroc qu’il installe définitivement son atelier, « fasciné par la com -
position des choses dans ce pays (…), bouleversé par l’utilisation des couleurs qui y est
faite dans la vie de tous les jours. »
Un réaliste coloriste dans le monde arabe
Claudio Bravo, qui affirme qu’« un artiste peut être à la fois moderne et orientaliste »,
se défend pourtant d’une quelconque parenté avec les peintres orientalistes du XIXe
siècle. Selon lui, même les plus grands créateurs du siècle conquérant, tels Delacroix
ou Fromentin, accordèrent trop d’attention à l’anecdote et trop peu au sens pictural de
leur travail. Or c’est avant tout à travers l’exploration des couleurs que Claudio Bravo
construit son Orient : « Ici, au Maroc, confie-t-il, j’ai pu développer une palette peut-être égale en audace à celle des plus grands coloristes de l’histoire de l’art ». Le sang de ce peintre chilien est celui d’un colonisé ; Claudio Bravo ne pourra jamais porter sur ces terres arabe et musulmane, le regard complexé du colonisateur, qu’Edward W. Saïd
dénonça, en son temps, dans son fameux essai sur l’orientalisme. Ses toiles ne
soutiennent aucun discours, ni moral ni politique ; son regard officie avec l’obsession de
représenter le monde tel qu’il est. La Méditerranée et les ruelles du quartier de Marshan
à Tanger, qu’il observe depuis les fenêtres de sa demeure et à qui il emprunte lumières
et couleurs, restent ses muses suprêmes dans un univers qu’il comprend
« de l’intérieur».
L’Institut du monde arabe se devait de faire connaître un artiste passé à l’Orient, et porteur d’un regard éclairé sur un monde en mal de reconnaissance.